Elle sort de l'escalator, ses nouveaux cheveux bruns me sautent aux yeux, ma princesse est définitivement partie.
Elle a mis un slim et des talons, elle sait que j'adore ça, une chemise, comme elle sait que je trouve que ça lui va bien, et un pull que j'adore sur une de ses photos. Si je ne m'étais pas habillée en allumeuse classe, j'aurais trouvé ça pathétique.
Elle se penche vers moi pour me dire bonjour et me faire la bise, je la repousse, je trouve ça tellement ridicule de se faire la bise alors que la dernière fois que je l'ai vue, je l'ai embrassée, je l'ai touchée, je l'ai léchée.
Elle le prend mal, je lui demande si elle a faim, et elle se décide pour aller boire un verre.
Sans même s'en rendre compte, on se dirige dans la même direction pour se retrouver devant le bar habituel et se dire "En fait non."
Le 3C sera mieux qu'un bar gay, on fait demi tour, et prenons le bar dans lequel on avait fait l'amour dans les toilettes quelques semaines auparavant.
Je commande une Margarita et elle demande une bière.

(P) - Tu as insisté pendant longtemps, pourquoi tu voulais me voir ce soir?
(A) - Je sais pas, j'avais besoin de te voir une dernière fois, parce que tu me manquais..
- La vérité, j'te demande d'être sincère.
- J'devais me faire mal.

Je ne décroche quasiment aucun mot, elle parle bas, moi je ne peux pas ouvrir la bouche sans verser une larme, c'est comme si ça me lacérait à chaque fois.
J'essayais d'entendre ce qu'elle me dit mais j'fais que le ressentir, y'a tellement de choses que je voudrais lui dire mais j'arrive pas, j'aurais voulu pouvoir lui dire d'un ton sincère "Mais je ne voudrais pas qu'elle se finisse cette soirée.." et pas entre deux sanglots. Mais j'peux pas, je suis méchante, c'est comme si chacun de mes mots devait la lacérer comme moi.

I wanna kiss you. But if I do then I might miss you babe.

Et puis comme pour rattraper tous les mots difficiles, je l'ai embrassée à pleine bouche. J'ai poussé son verre, le mien et me suis jetée sur elle.
J'ai vu des larmes dans ses yeux que j'ai essayé de faire couler.
Mes yeux pleuraient mais pas mon visage. Mes yeux se contentaient de faire couler de l'eau. Comme si de rien n'était.
Did I mention that Jennifer was in love with me?
 
(P) - J'ai couché avec une fille hier soir.
(A) - Ah .. et .. c'était bien?
- Oui. Mais putain j'me sentais obligée de te le dire parce que j'avais l'impression de te tromper..
J'ai mis la tête dans mes mains et j'ai éclaté en sanglots. Ses mains essuyant ses larmes était notre seul contact.
(P) - Une autre.
Deuxième verre sans avoir rien mangé depuis deux jours, ça monte vite. Ca retourne l'estomac et ça fait tourner la tête.

Elle me supplie de passer la nuit avec elle, comme c'était prévu, mais elle a annulé, je ne peux plus retourner en arrière..
Je voudrais tellement lui dire oui mais je ne dois pas être égoïste, et de toute façon ça n'y changerait rien..

Elle s'énerve, me demande de finir mon verre et de partir. Je lui demande si elle est sure.
Elle sort sa CB, paie et on s'en va.

On marche vers le métro, l'une à coté de l'autre sans se décrocher un mot. Puis, je tourne vers la gauche, le métro est tout droit, j'entends ses talons qui me suivent, je ne me retourne que lorsque je n'entends plus claquer ses talons.

Don't try to deny baby I'm the only one for you


Elle est à deux cent mètres, elle me regarde. Elle ne comprend pas ma soudaine rotation à 90 degrés.
Je lui lance un regard "Suis moi ou barre toi sans te retourner."
Elle choisit de me suivre, je lui tends ma main et nous marchons.

(P) - Tu vois, c'est là que C. & moi on s'est fait fouiller. Comme c'est une petite rue où quasiment personne ne passe, les flics passent souvent, donc s'ils arrivent, ils risquent de nous fouiller et j'ai du shit sur moi.
(A) - T'aimes le risque?

Et elle m'embrasse, je suis dans ses bras, ça fait tellement de bien de sentir son odeur, de sentir ses bras qui m'enserrent, d'être à nouveau si près d'elle. Je presse ses lèvres encore, puis je commence à avoir le tournis, j'ai comme la sensation de perdre l'équilibre, je la repousse violemment, m'excuse et commence à vomir liquide. Que de la Margarita.
Elle me supplie à nouveau de passer la nuit avec elle, elle refuse de me quitter, elle est prête à échanger ses talons contre ses converses pour pouvoir me courir après.
Hold me and love me Just want touch you for a minute Baby three seconds is in it for my heart to quit it.
Alors je prends ses converses dans son sac et je les jette par dessus la palissade.
- Voilà, tu pourras pas aller bien loin avec tes talons.

Elle me regarde complètement effarée, t'as pas fait ça, et pourtant, j'essaie de l'éloigner de moi autant que possible sans qu'elle ne s'éloigne de moi.
Je veux quitter tout le monde sans que personne ne me quitte.

Je suis parfois une salope, mais pas à ce point là, j'escalade la palissade pour lui rendre ses converses. Alors elle prend mon sac, menace de ne pas me le rendre pour que je ne m'en aille pas.
C'est tellement pitoyable que c'en est mignon. Mais j'avais pas pensé sérieusement qu'elle le ferait.
Elle court avec mon sac un peu plus loin, je la rattrape et nous nous asseyons. Elle sort une clope que je prends et casse en deux en lui disant "Rends moi mon sac". Elle refuse, j'attrape le sien, je lui demande de me montrer ses mains, elle n'a pas remis la bague de fiançailles de sa mère que je venais de lui rendre, alors je fouille dans son portefeuille et la trouve.
Je la regarde, lui montre la bague "Si tu veux la récupérer, rends moi mon sac.". Elle refuse, je m'approche d'elle, "Ta mère vient de sortir de l'hôpital, elle a failli mourir, pense à elle au lieu de t'accrocher à mon sac.".
Je jette mon chewing gum pour allumer une clope.
(A) - Qu'est ce que tu viens de jeter?!
(P) - Bah la bague de ta mère.
*regard attéré*
(A) - Nan, t'as pas fait ça, pas ma bague, pas ça, pas la bague de ma mère, nan..
Et elle s'agrippe à mon sac comme si c'était la dernière chose qui lui restait. Comme si juste ça avait de l'importance.
C'est tellement pathétique. Elle préfère que je reste près d'elle à la bague de sa mère qu'elle n'avait jamais encore prêté jusque là. J'ai tellement de pitié pour elle, ça me fait tellement mal, que je lui rends sa bague et la serre dans mes bras. Elle est secouée de sanglots. "Je t'en prie, passe la nuit avec moi, j't'en supplie, juste cette nuit, j'te rends à tes amies demain matin, à 8h même mais juste cette nuit, t'avais dit oui.."
Je refuse en la serrant plus fort que possible, elle pleure et moi aussi.

Mon portable sonne, c'est J. qui veut savoir où j'en suis. "Bah j'rentrerais bien mais elle a mon sac et elle ne veut pas me le rendre."
Chez d'autres personnes, ça n'aurait sucité qu'un étonnement. Mais tout le monde n'a pas la chance d'avoir des amis comme les miens, à peine raccroché, J., C. et D. étaient déjà dans le métro pour venir m'aider..

A. est repartie en courant avec mon sac. Je la rejoins, "Mais rends moi mon sac, on ne se remettra pas ensemble, si on le faisait j'serai méchante comme ce soir, j'te ferai la misère, j'te ferai payer, je détruirai chaque chose que tu auras.."
Pas de réaction.
"Si tu ne me rends pas mon sac, je hurle de toutes mes forces."
Pas de réaction.
Je crie aussi fort que possible. Tout St Eustache se retourne. Mais personne ne réagit. Je crie une deuxième fois mais ma voix se casse.
Elle repart, je menace d'appeler les flics, je compose le 17 mais elle ne réagit pas.
"Putain, tu me laisserais appeler les flics comme ça?!"
Elle part en courant, je ne lui cours pas après, je la perds de vue. Je commence à la chercher, à avoir presque peur, je ne la trouve pas. Je l'appelle, je suis au bord des larmes et j'ai du mal à parler.
(P) - Faut arrêter, regarde nous, on est totalement pathétiques, c'est ridicule tant c'est pitoyable, faut vraiment qu'on arrête..
(A) - Oh, c'est bon arrête ton cinéma, j'te crois plus.
(P) - Nan mais je suis sérieuse.. ça peut plus continuer, ça peut plus continuer..
(A) - Je suis derrière toi.

Je la vois, elle est assise sur un banc, je la rejoins. "T'as réussi à gâcher nos derniers moments, à cause de tes bêtises, J., C. et D. arrivent, ça va gâcher nos aux-revoirs.."
Elle me rend mon sac, je m'assoie près d'elle, J. me demande où je suis, "St Eustache", "Restes-y, on arrive."
(P) - Il nous reste environ 5 mn et après c'est fini. C'est comme un sursis.
Et je l'embrasse. Je sors mon iPod, lui tends un écouteur, et mets "Right Round". Elle m'embrasse pendant toute la chanson. Je change et met "Du ferme" de La Fouine. On se regarde, on chante les paroles,
Co-cocaïne dans le jean Sammy rejoint quelques client à Porte Dauphine
Mademoiselle devient folle avec ses amis intimes

Un garot, une seringue et bim, et bim
Mais elle a mis plus de jus que dans une orange sanguine
Elle a fini en drame cette soirée entre co-pines
Il est 6h du mat' quand les keufs font "Dring"
Il vendait de la dope mais il comparait pour crime.

Puis le deuxième couplet, Et trouva sa femme en train de s'faire fourrer, je vois un sourire se dessiner sur ses lèvres, je sais pas ce qui me prend et lui donne un coup dans le visage.
Elle ne dit rien, me lance un regard étonné et de douleur, j'm'en veux mais j'ai encore envie de la frapper. On finit à terre quand je vois C., J. et D. qui arrivent. C. nous sépare et A. dit "Elle me frappe mais y'a encore 5 mn elle était dans mes bras et m'embrassait."
J. est déçue de mon comportement, et je vois comme le coeur de D. se casser en deux.
Elle ne pouvait pas dire ça devant D .. elle ne pouvait pas, pas après ce qui s'était passé la veille entre D. et moi..
Je me jette sur A, donne des coups de poings dans le vide.
(P) - Voilà, t'as encore tout gâché, c'est terminé.
(A) - Tu veux pas perdre la face devant tes potes?
(P) - Mais c'est elles qui sont là quand tu me brises le coeur, c'est elles qui me ramassent à la petite cuiller, c'est elles qui sont là quand t'es pas là.. J'peux pas les decevoir..

Et elle recrie que j'étais dans ses bras y'a même pas cinq minutes. Ca me met hors de moi, je lui dis que c'est fini, elle a tout gâché, je m'en vais. Et j'le fais. Je pars entourée de mon groupe, sans me retourner, je la laisse derrière moi..
C'est tellement douloureux. J'éclate en sanglots, J. commence à me faire la morale, puis se ravise quand elle voit que je suis en train de me briser. Je pleure et crie,
(P) - Je veux pas qu'elle parte, j'peux pas la laisser comme ça putain, j'suis qu'une loque, j'suis nulle.."
(J) - Calme toi, c'est juste un moment de faiblesse.
Je vois A. qui passe derrière nous, je sais pas si elle m'a vue, je la vois s'en aller.. Et c'est terminé, elle est partie.
Je pleure dans les bras de C. et vois D. pleurer dans les bras de J. C'est ma faute, j'm'en veux tellement.

(P) - Si j'suis pas restée, si j'ai pas passé la nuit avec elle, c'est pour toi, c'est parce que je voulais te voir et ne pas te manquer de respect.
J'sais que j'suis pitoyable à pleurer comme ça, j'voulais pas que tu l'apprennes d'elle, j'voulais que tu l'entendes de moi, j'suis tellement désolée..
(D) - Nan mais j'comprends, j't'en veux pas mais si tu refuses de me le dire, si un jour tu m'trompes, tu m'le diras pas non plus.. C'est juste que je m'étais promis de ne plus repleurer pour une fille..

On repart, on rentre chez D. avec la phrase génialissime de J. "On va se calmer, rentrer et P. va se rouler un gros spliff et ça ira mieux."

_C'est un article très long. Long à écrire, long à lire.
Cette soirée m'a retourné les tripes. Et je ne cesse d'y penser. Et elle
ne cesse de hanter mes pensées..

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